SARS-CoV-2 : réactiver les défenses cellulaires pour freiner la réplication virale
Dans une étude parue dans Journal of Virology des scientifiques montrent, in vitro, qu’en réactivant des systèmes de défense cellulaire détournés à son profit par le SARS-CoV-2, il est possible d’obtenir une réponse antivirale.
L’AMPK : une cible pour bloquer la réplication du SARS-CoV-2
Dans nos cellules, une protéine appelée AMPK joue un rôle de chef d’orchestre énergétique. Lorsqu'elle s’active, elle freine les voies consommatrices d'énergie, telles que la synthèse des lipides et des protéines, et elle stimule des mécanismes de recyclage interne, notamment l’autophagie, un processus par lequel la cellule “nettoie” ses déchets pour en tirer des nutriments.
Mais certains virus, comme le SARS-CoV-2, responsable de la COVID-19, détournent ce système à leur avantage. Ils bloquent l'autophagie et accumulent des gouttelettes lipidiques dans les usines virales permettant d’entretenir la réplication virale. Cela favorise fortement leur multiplication.
Dans un article publié dans la revue Journal of Virology, des scientifiques ont exploré une piste prometteuse pour bloquer ce détournement : activer l’AMPK pour remettre en marche les défenses naturelles de la cellule.
MK-8722 : un candidat antiviral prometteur contre les variants du SARS-CoV-2
La molécule MK-8722 est un activateur spécifique de l'AMPK. Les scientifiques ont montré, en laboratoire, que la MK-8722 a une forte capacité à bloquer efficacement l'infection des variants Alpha et Omicron du SARS-CoV-2 dans les cellules épithéliales modèles Vero76 et les cellules épithéliales bronchiques humaines Calu-3 à une concentration micromolaire. Même administré 4 heures après l’infection, le traitement par la MK-8722 reste efficace.
La MK-8722 fonctionne en réactivant l’autophagie, ce qui entraîne la destruction des protéines virales nouvellement synthétisées et la réduction du métabolisme lipidique facilitant l’élimination du virus. De plus, le traitement augmente la réponse à l'interféron de type I (IFN-I), une molécule clé de la lutte antivirale médiée par notre système immunitaire. Enfin, ce traitement par la MK-8722 ne diminue pas et même augmente légèrement la réponse des lymphocytes T CD8+ spécifiques du SARS-CoV-2, cellules immunitaires induites par la vaccination.
En activant l'AMPK, la MK-8722 agit comme un antiviral efficace contre l'infection par le SARS-CoV-2, même après exposition, ouvrant la voie à des essais précliniques visant à inhiber la réplication virale et à améliorer les symptômes des patients.

En savoir plus : Cottignies-Calamarte A, Marteau F, He F, Belouzard S, Dubuisson J, Tudor D, Viollet B, Bomsel M.0.Direct pharmacological AMPK activation inhibits mucosal SARS-CoV-2 infection by reducing lipid metabolism, restoring autophagy flux and the type I IFN response. J Virol0:e00394-25.https://doi.org/10.1128/jvi.00394-25
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