Carence en méthionine : le cerveau fœtal en première ligne
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Des études de neuro-imagerie chez des enfants et adolescents obèses font état d’une corrélation inverse entre performance mnésique et l’indice de masse corporelle. Dans une étude publiée dans eBioMedicine, des scientifiques démontrent que chez les jeunes souris, les effets de la malbouffe sur la mémoire dépendent des rythmes alimentaires.
L'obésité est en hausse chez les enfants et les adolescents. Elle s’accompagne souvent de troubles neurologiques, comme des problèmes de mémoire ou d’attention qui sont encore mal compris et difficiles à traiter. Une des causes possibles : la consommation excessive d’aliments riches en graisses et en sucres, qui pourrait perturber le développement du cerveau.
Chez l’humain, il est difficile de prouver avec certitude qu’une mauvaise alimentation provoque des troubles cognitifs car les études sont souvent limitées par la taille et la durée de l'échantillonnage. De plus, elles manquent de résolution pour prouver la causalité entre les habitudes alimentaires et la trajectoire de santé cognitive.
Des études antérieures sur des modèles animaux ont montré que la malbouffe à volonté perturbe les rythmes biologiques innés qui influencent les sécrétions hormonales, la structure neuronale et le fonctionnement des régions cérébrales qui codent, stockent et rappellent les souvenirs.
Certaines études ont, en particulier, montré, chez des souris adultes soumises à la malbouffe, l’importance de la période de jeûne sur la mémoire. Mais aucune étude n’a encore établi de lien entre le jeûne et les capacités mnésiques pendant la transition entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Or ces connaissances sont importantes car il y a une explosion du nombre d’enfants et d’adolescents qui utilisent les réseaux sociaux tard dans la nuit, ce qui repousse l’heure des repas et conduit à une surconsommation de malbouffe.
Cette étude, publiée dans la revue eBioMedicine, vise donc à lever le voile sur ce manque de connaissances. Pour cette étude sur les rythmes alimentaires, des jeunes souris ont été nourries de deux manières pendant 14 semaines :
Les scientifiques ont observé les fonctions cognitives, les connexions entre les neurones, les hormones et la dépense énergétique. Les souris nourries à volonté ont montré une perturbation de la mémoire avec un dérèglement des connexions entre deux zones clés du cerveau : le cortex et l’hippocampe, siège de la mémoire. Cet effet est lié à une résistance à des hormones, les glucocorticoïdes, essentielles à la mémoire. En revanche, les souris nourries selon leur rythme biologique ont gardé de bonnes performances cognitives, malgré une alimentation identique en calories et qualité.
Par ailleurs, l’étude montre que des souris porteuses de mutations provoquant une résistance aux glucocorticoïdes imitent les effets de la malbouffe à volonté et annulent les bénéfices du jeûne intermittent. Pour établir la relation de cause à effet, les scientifiques ont utilisé des souris génétiquement modifiées permettant d’inhiber ou d’activer les réseaux de neurones concernés. Ils ont ainsi pu montrer que le dérèglement provoqué par la malbouffe se caractérise par une fonction corticale moindre associée à une activité hippocampale plus élevée. De même, l’absence d’effet observé chez les souris soumises au jeûne intermittent requiert la coactivation de l’axe cortico-hippocampal.
Les résultats devront être validés chez l’homme avant d’éclairer les conseils de santé et la politique scolaire.
Figure : La malbouffe consommée à volonté découple l’axe cortico-hippocampal nécessaire au rappel des souvenirs. Le cortex devient hypoactif quand l'hippocampe est hyperactif. Le jeûne intermittent appliqué pendant 4 semaines à un sous-groupe d’individus nourri avec de la malbouffe suffi à rééquilibrer les fonctions cortico-hippocampales et à améliorer les performances mnésiques. Le dénominateur commun à ces dérèglements causés par de mauvaises habitudes alimentaires vise la sécrétion circadienne d'hormones et leur impact sur la neuroplasticité.
En savoir plus : Meal scheduling corrects obesogenic diet induced-uncoupling of cortico-hippocampal activities supporting memory. Prabahan Chakraborty, Yann Dromard, Emilie M André, Maheva Dedin, Margarita Arango-Lievano, Ana Raner, Antoine Besnard, Thamyris Santos Silva, Jean-Christophe Helbling, Guillaume Ferreira, Etienne Challet, Marie-Pierre Moisan, and Freddy Jeanneteau. eBioMedicine 2025. https://doi.org/10.1016/j.ebiom.2025.105783
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Institut de génomique fonctionnelle - IGF (CNRS/Inserm/Université de Montpellier)
141 rue de la Cardonille
34090 Montpellier