Rencontre avec François Leulier, chercheur à l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon (IGFL)

Rencontre avec François Leulier, chercheur à l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon (IGFL). Accompagné de son équipe, il étudie comment les communautés bactériennes présentes dans l’intestin façonnent le lien étroit entre la nutrition et la croissance. Invité aux rencontres Etonnant Vivant, il a présenté ses derniers résultats en compagnie de Renata Matos, chargée de recherche au CNRS et Théodore Grenier, doctorant à l'ENS de Lyon.

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François Leulier accompagné de Renata Matos, chargée de recherche au CNRS et Théodore Grenier, doctorant à l’ENS de Lyon.

© Pôle communication INSB – Sarah Granet / CNRS

 

« Mon parcours scientifique »

Je suis tombé dans la biologie dès le secondaire, grâce à une professeure de SVT parfaitement antipathique mais passionnée et passionnante. Cette triade pleine d'antagonismes a très certainement fait germer en moi la passion qui m'anime pour l'étude des mécanismes du vivant. J'ai donc tout naturellement suivi un cursus universitaire en biologie suivi d'un doctorat en génétique ou j'ai commencé à me frotter à mon modèle expérimental de prédilection, la drosophile. Après une expérience de recherche extrêmement enrichissante au Royaume-Uni, je suis rentré au bercail sur un poste de chercheur au CNRS.    

 

« Mes recherches »

Nous étudions comment les communautés bactériennes présentes dans nos intestins façonnent le lien étroit entre notre nutrition et notre croissance. Pour cela, nous utilisons des animaux modèles (drosophile et souris) que nous pouvons manipuler génétiquement et dont nous modifions la composition du microbiote intestinal pour identifier les mécanismes moléculaires chez les bactéries et chez leurs hôtes responsables des effets observés.

Par exemple, ces dernières années grâce à des travaux chez la drosophile nous avons identifié des souches particulières d'un Lactobacille, dont les cousins sont en grande quantité dans nos yaourts, qui permettent de diminuer l'effet délétère d'une sous-nutrition chronique sur la croissance de cet insecte. Par la suite nous avons démontré que ces souches bactériennes présentent aussi ces mêmes propriétés lorsqu'elles sont administrées à des souris malnutries, un modèle expérimental plus proche de l'homme que la drosophile. Nous sommes donc là face à un phénomène biologique conservé dans le règne animal.

Depuis, nous utilisons ces systèmes biologiques modèles pour disséquer comment ce Lactobacille promeut la croissance d'animaux pourtant sujets à une sous-nutrition chronique. Nos travaux permettent d'envisager dans un futur que nous n’espérons pas trop lointain de transposer ces découvertes chez l'homme.

 

« Ce que j’aime dans mon métier »

Son caractère "multi-fenêtres/multi-niveaux" : le grand écart permanent ; être pointus scientifiquement dans notre domaine tout en étant capable de communiquer le fruit de nos travaux au plus grand nombre. Etre hyperspécialisé dans nos recherches tout en gardant une vision globale de la logique d'ensemble des thèmes étudiés. Etre animateur d'équipe tout en gardant sa fibre d'expert. Etre au contact de collègues et d'interlocuteurs d'horizons divers et variés. En bref, être toujours aux frontières des expertises et des connaissances.

 

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Figure : Dans le but d’évaluer et de clarifier l’impact des bactéries intestinales sur la physiologie de leur hôte l’utilisation de modèle animaux dont l’environnement microbien peut-être contrôlé est d’une grande aide. Afin d’aborder ces questions, nous utilisons deux organismes animaux modèles: un modèle invertébré la drosophile (Drosophila melanogaster) qui permet une étude fine et robuste des mécanismes moléculaires en jeu et un modèle mammifère la souris (Mus musculus) qui permet de valider chez les mammifères la conservation des concepts et mécanismes identifiés chez l'insecte.

© Vincent Moncorgé

 

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