Sid Kouider
Lauréat d'une ERC Starting Grant 2010
Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique (LSCP) - CNRS/EHESS/ENS Paris
Sid Kouider est psychologue de formation. Il dirige actuellement, à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Paris, l’équipe de recherche « Cerveau et conscience », dont les travaux portent sur les fondements psychologiques et neurobiologiques de la conscience perceptive. Après des études supérieures à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, il réalise une thèse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) sur les mécanismes inconscients qui sous-tendent la perception du langage. Après sa soutenance, en janvier 2002, il part faire un post-doctorat à l’Université de Harvard aux Etats-Unis, où il travaille sur le développement des interactions entre savoir linguistique et conceptuel chez le bébé. Il effectue dans la foulée un second post-doctorat au sein du laboratoire de Neuroimagerie cognitive à Orsay et étudie les circuits cérébraux qui étayent la différence entre perception consciente et inconsciente. Recruté en 2005 comme chargé de recherche au CNRS, il obtient, en 2007, le Prix international William James. Il crée sa propre équipe en 2008 et obtient la Médaille de bronze du CNRS en 2010.
Une vue dynamique sur les processus conscients et inconscients (Dynamind)
La conscience est une propriété fondamentale de l'esprit humain et parvenir à caractériser ce qui différencie les processus conscients des processus inconscients est une question majeure en psychologie et en neurosciences cognitives. La majorité des travaux de recherche se limite cependant à une perspective statique, en étudiant des stimuli statiques, en ne considérant que le traitement en fonction de l’information présente et en se focalisant uniquement sur le stade adulte. Ces processus sont pourtant régis par des propriétés intrinsèquement dynamiques. Le projet « Dynamind » se propose d’étudier ces propriétés selon trois axes. Le premier porte sur la perception inconsciente. Nous percevons en permanence, de manière inconsciente, des séquences complexes de stimuli, qui engendrent des flux de traitement sans cesse changeants. Les chercheurs étudient la dynamique de ces flux inconscients au moyen d'une technique oculométrique, la « présentation dépendant de la position du regard », qui permet de présenter de manière subliminale des vidéos et des séquences de stimuli complexes. Le deuxième axe du projet concerne la perception consciente, qui ne dépend pas seulement des stimuli à un instant précis, mais aussi des interactions entre l'environnement à cet instant et l'expérience passée du sujet. Les scientifiques utilisent le cadre de réflexion bayesien afin de comprendre comment les attentes et la connaissance a priori conduisent à la construction d'un contenu perçu, en « remplissant », au besoin, l'information manquante en situations de conscience partielle. Enfin, le troisième axe du projet s’intéresse au développement de la conscience. Les chercheurs étudient les corrélats neuronaux de la conscience chez le bébé. Pour cela, ils utilisent à la fois de nouveaux paradigmes de mesure des seuils psychophysiques de visibilité et l'électroencéphalographie (EEG) à haute densité. Ils cherchent notamment à savoir si la conscience implique la maturation des aires postérieures du cerveau, qui sont responsables des traitements sensoriels, ou si elle dépend d'aires préfrontales antérieures qui sous-tendent l'attention et les processus exécutifs.