Virus de l’Hépatite E : une menace pour le fœtus

Résultats scientifiques Immunologie, infectiologie

L’hépatite E est une maladie du foie causée par un petit virus à ARN (VHE). Dans les pays en développement, l’infection de la femme enceinte peut causer une maladie grave entraînant le décès de la mère et du fœtus. En comparant les effets du VHE provenant des pays en développement et le virus endémique dans la région Occitanie, les chercheurs ont identifié les mécanismes de virulence au niveau de l’interface mère-fœtus. Cette étude a été publiée dans la revue Nature Communications.

Le virus de l’Hépatite E (VHE) est un agent infectieux émergent, responsable d’hépatites virales aiguës.  Il existe quatre génotypes principaux qui peuvent infecter l’Homme. Les génotypes 1 et 2 (VHE-1 et VHE-2) sont retrouvé uniquement chez l’être humain et sont endémiques dans les pays en développement. Les génotypes 3 et 4 (VHE-3 et VHE-4), prépondérants dans les pays industrialisés, sont retrouvés fréquemment chez les animaux (porc, sanglier, cervidés, rongeurs) et peuvent infecter l’humain. Le VHE est transmis principalement par voie féco-orale suite à l’ingestion d'eau souillée. Dans les pays industrialisés, d’autres voies de transmission comme l’ingestion de viande pas ou peu cuite provenant d’animaux infectés ou encore la transfusion sanguine peuvent être responsables de l’infection. En général, l’infection ne provoque pas de symptômes ni de maladie grave chez les individus en bonne santé.

Par contre, l’infection de la femme enceinte par le VHE-1, mais pas le VHE-3, est souvent associée à une hépatite fulminante avec une forte augmentation du risque de mortalité mais aussi de morbidité maternelle et fœtale. Cependant, les mécanismes responsables de la sévérité de l’infection VHE-1 chez la femme enceinte sont mal connus. Les chercheurs ont modélisé l’infection VHE-1 à l’interface mère-fœtus ex vivo en utilisant la paroi de l’endomètre gestant (caduque) et le placenta fœtal du premier trimestre de grossesse. Ils ont comparé les effets de VHE-1 à ceux du VHE-3 qui ne présente aucun danger chez la femme enceinte et ont alors découvert que le VHE-1 se réplique plus fortement au niveau de l’interface materno-fœtale, produit des virions hautement infectieux et cause des dégâts sévères, aussi bien dans les tissus de la mère que dans le placenta d’origine fœtale. De plus, l’infection par VHE-1 induit des altérations majeures dans le microenvironnement local. Cette dérégulation de la sécrétion de facteurs solubles est directement corrélée à la production virale et participe aux nombreux dommages tissulaires observés.

En conclusion, dans cette étude les chercheurs apportent de nouveaux éléments essentiels pour la compréhension de l’effet pathogène du VHE-1 durant la grossesse. En outre, ils proposent également un modèle d’étude innovant qui ouvre la voie au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à prévenir les risques durant la grossesse.

Image retirée.
Figure :  Cellules de la muqueuse utérine infectées par le génotype 1 du virus de l’Hépatite E. Noyau (Blue), Réseau de microtubules (Rouge), Virus (Vert). Barre d’échelle : 20 µm.
© Nabila Jabrane-Ferrat

 

En savoir plus

Genotype specific pathogenicity of hepatitis E virus at the human maternal-fetal interface.
Gouilly J, Chen Q, Siewiera J, Cartron G, Levy C, Dubois M, Al-Daccak R, Izopet J, Jabrane-Ferrat N, El Costa H.
Nat Commun. 2018 Nov 12;9(1):4748. doi: 10.1038/s41467-018-07200-2.

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Nabila Jabrane-Ferrat
Directrice de recherche CNRS