Virus de la rage : une usine liquide lui donne son identité

Une équipe de chercheurs de l’Institut de biologie intégrative de la cellule (CNRS/Université Paris-Sud/CEA) vient de montrer que les corps de Negri, qui constituent les usines virales du virus de la rage, se forment par séparation de phases liquides. Dans des expériences alliant biologie cellulaire et biophysique, l’équipe a découvert la nature physico-chimique de ces structures qui hébergent la synthèse des acides nucléiques viraux. Ces compartiments sphériques, dépourvus de membrane, se comportent comme des gouttes d’huile dans l’eau et sont, par exemple, capables de fusionner entre eux. Néanmoins, ce ne sont pas les propriétés hydrophobes des molécules qui permettent la séparation de phases, mais des régions spécifiques des protéines virales. Ce sont les interactions entre ces dernières qui confèrent aux corps de Negri leur nature liquide. Cette séparation de phases permet au virus de se définir une identité en distinguant ce qui le constitue (l’usine virale) de ce qui lui est extérieur (le reste du cytoplasme). Ces compartiments liquides ne seraient d’ailleurs pas spécifiques du virus de la rage mais pourraient être étendus à d’autres virus comme celui d’Ebola ou de la rougeole. Ils constituent donc une signature de l’infection cellulaire par ces virus, soulevant la question de la reconnaissance des constituants viraux par l’immunité innée. En dévoilant la nature physico-chimique des usines virales, les chercheurs ouvrent de nouveaux champs pour la recherche appliquée : une molécule capable de disperser les phases liquides de ces compartiments aurait certainement un effet sur l’infection. Ces travaux sont publiés le 5 juillet 2017 dans Nature Communications.

Image retirée.
Figure : Cellules en culture infectées par le virus de la rage et observée en microscopie optique à fluorescence. Le noyau de la cellule est en bleu. Les usines virales sont constituées par les moyennes et grosses inclusions circulaires en rouge. Le réseau de microtubules est en vert. C’est le long de ce réseau que sont transportées les nucléocapsides virales (petits points rouges) lorsqu’elles quittent l’usine virale. 

© Yves Gaudin

 

En savoir plus

Contact

Danielle Blondel