Une susceptibilité au froid dans la maladie de Crohn ?
Des mutations de la protéine NLRP12 sont responsables d'une forme familiale de syndrome auto-inflammatoire induit par le froid qui se caractérise par des épisodes récurrents de fièvre et des problèmes digestifs. Des données récentes ont permis de mettre en cause une hyper-activation du gène majeur NOD2 de prédisposition à la Maladie de Crohn ce qui pourrait rendre compte du gradient Nord-Sud de l’incidence de cette maladie inflammatoire du tube digestif qui affecte des millions d’individus. Ces résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications.
Une forme familiale de maladie auto-inflammatoire induite par le froid (FCAS-Familial Cold Auto inflammatory Syndrome) est due à des mutations de la protéine NLRP12. L'inactivation du même gène chez la souris est responsable d’une perte de tolérance vis-à-vis de la flore intestinale, comme cela est observée dans la maladie de Crohn. Le traitement médical de la Maladie de Crohn est symptomatique avec un effet uniquement suspensif qui peut être associé à des effets indésirables graves. Près de 40% des patients restent réfractaires aux traitements actuels. La qualité de vie du patient est affectée par les complications et la fréquence des poussées. Il en résulte un problème croissant de prise en charge en hépato-gastro-entérologie avec un impact économique majeur en santé publique, et tout particulièrement dans les pays du nord de l’Europe où l’incidence est plus élevée que dans ceux du Sud.
Pour assurer un bon équilibre avec la flore intestinale, la protéine NLRP12 a été identifiée comme un inhibiteur de la reconnaissance par NOD2 du muramyl dipeptide – un des constituant de la paroi bactérienne. Les chercheurs montrent que la perte de NLRP12 se traduit par une hypersensibilité intestinale aux bactéries commensales ce qui entraine une protection contre des entéropathogènes suite à une accumulation de macrophages. Ces résultats suggèrent donc une similarité moléculaire entre la pathogénèse du FCAS et celle de la maladie de Crohn.
Cette observation inattendue impliquant les gènes majeurs de prédisposition à ces pathologies inflammatoires ouvre des perspectives sur une meilleure compréhension du gradient Nord/Sud de l’incidence de la maladie de Crohn et sur l’origine des troubles digestifs associés à l’exposition au froid chez les patients porteurs de mutation de la protéine NLRP12.

© Mathias Chamaillard
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Proteasomal degradation of NOD2 by NLRP12 in monocytes promotes bacterial tolerance and colonization by enteropathogens.
Normand S, Waldschmitt N, Neerincx A, Martinez-Torres RJ, Chauvin C, Couturier-Maillard A, Boulard O, Cobret L, Awad F, Huot L, Ribeiro-Ribeiro A, Lautz K, Ruez R, Delacre M, Bondu C, Guilliams M, Scott C, Segal A, Amselem S, Hot D, Karabina S, Bohn E, Ryffel B, Poulin LF, Kufer TA, Chamaillard M. .
Nat Commun. 2018 Dec 17;9(1):5338. doi: 10.1038/s41467-018-07750-5.