Rémi Bos, révéler la dynamique neurogliale du système nerveux

Distinctions Neuroscience, cognition

Rémi Bos, chargé de recherche CNRS à l’Institut de neurosciences de la Timone (INT)1 , explore le rôle des cellules gliales dans la modulation des réseaux sensorimoteurs spinauxIl est récompensé par la médaille de bronze du CNRS.

  • 1Unité CNRS/Aix-Marseille Université

Comprendre la complexité du vivant à travers les interactions cellulaires multiples du système nerveux : c’est le credo de Rémi Bos. Après sa thèse en neurosciences à Aix-Marseille Université sur la plasticité inhibitrice des motoneurones spinaux, il part en post-doctorat à l’université de Berkeley (États-Unis) pour changer d’échelle et de regard, passant alors du moteur au sensoriel. Il y étudie les cellules gliales, longtemps reléguées au second plan, et découvre leur rôle clé dans les réseaux neuronaux de la rétine. « J’ai compris que ces cellules ne se contentent pas d’accompagner les neurones, mais modulent l'information qu’ils échangent au sein du système nerveux central », explique-t-il.

Je milite pour qu'on parle de systèmes neurogliaux — intégrant cellules gliales et neurones — plutôt que de systèmes purement neuronaux.
Rémi Bos, chargé de recherche CN

Depuis son retour en France et son recrutement au CNRS en 2018, Rémi Bos travaille sur le traitement sensorimoteur au niveau de la moelle épinière. Son objectif : comprendre comment les cellules gliales dialoguent avec les neurones pour façonner les mouvements — et comment ces échanges se dérèglent en situation pathologique. Le chercheur a notamment montré qu’après une lésion de la moelle épinière, les astrocytes n’arrivent plus à stabiliser l’environnement ionique indispensable au bon fonctionnement des neurones. Ce déséquilibre favorise une hyperexcitabilité du réseau neuronal à l’origine de la spasticité, caractérisée entre autres par des contractions musculaires incontrôlées. En agissant uniquement sur les astrocytes à l’aide d’outils génétiques, sans toucher aux neurones, il a atténué ces troubles sans abolir totalement l'activité musculaire chez la souris.

En parallèle, il collabore autour d’approches innovantes de stimulation lumineuse infrarouge pour modifier l’activité des réseaux neurogliaux et réduire l’inflammation, notamment dans des modèles de sclérose en plaque. 

Aujourd’hui, il s’attaque à un nouveau défi : comprendre comment les interactions neurogliales au niveau d’une région nichée au cœur de la moelle épinière - le canal épendymaire dans lequel circule le liquide céphalorachidien - influence à la fois le contrôle des processus sensori-moteurs et la réponse de l’organisme aux mécanismes inflammatoires.

Ma recherche est multi-échelle : elle relie la cellule, le réseau et le comportement.
Rémi Bos, chargé de recherche CNRS