Prix jeunes talents France 2025 L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science
Pour cette 19ème édition du prix, la Fondation L'Oréal, en partenariat avec l'Académie des sciences et la Commission nationale française pour l'UNESCO a récompensé 34 jeunes chercheuses, dont 8 lauréates rattachées à CNRS Biologie.
Issues de toutes les régions de France métropolitaine et d'outre-mer et travaillant dans des disciplines variées, les 34 jeunes scientifiques récompensées lors de cette 19ème édition ont été sélectionnées parmi près de 700 candidates par un jury de plus de 30 membres de l’Académie des sciences. Biologie, physique, chimie, mathématiques, informatique, ingénierie, sciences de la Terre et de l'Univers : dans un ou plusieurs de ces domaines, les lauréates ont su démontrer une expertise remarquable, au sein des différents organismes de recherche.
Nazareth Milagro Carigga Gutierrez, doctorante à l’Institut pour l’avancée des biosciences – IAB (CNRS/Inserm/Université Grenoble Alpes)
Sa recherche vise à améliorer les traitements du cancer du pancréas en délivrant les médicaments plus précisément, attaquant les cellules tumorales tout en épargnant les cellules saines. Ces travaux sont cruciaux, car le cancer du pancréas reste l'un des plus difficiles à traiter, avec un besoin urgent de thérapies plus efficaces. Cette approche utilise des nanoparticules, de minuscules particules, activées par la lumière ou les rayons X, ce qui la rend potentiellement applicable à divers cancers. Sur le long terme, Nazareth Milagro Carigga Gutierrez souhaite faire le lien entre la recherche et le terrain clinique pour rendre les nouvelles thérapies plus accessibles et compréhensibles pour les patients
Lisa Larcher, doctorante au laboratoire Génome, biologie cellulaire et thérapeutique – GenCellDi (CNRS/Inserm/Université Paris Cité)
Ses recherches visent à mieux comprendre l'anémie de Fanconi (AF), une maladie génétique rare. Son projet de thèse étudie des patients atteints d'une forme atténuée, caractérisée par une atteinte moins sévère due à une compensation du défaut intrinsèque génétique des cellules AF. L'objectif est d'identifier les mécanismes biologiques qui compensent ce défaut génétique. À long terme, Lisa Larcher souhaite que ses travaux permettent d'améliorer la prise en charge clinique et thérapeutique des patients, y compris de nouvelles stratégies pour la défaillance de la moelle osseuse et la prévention de la transformation en leucémie, un cancer du sang.
Marie Robert, doctorante et interne en médecine au Centre de recherche sur l’inflammation – CRI (CNRS/Inserm/Université Paris Cité)
À court terme, les recherches de Marie Robert visent à caractériser le rôle joué par certains globules blancs au cours des maladies inflammatoires et infectieuses que sont la sarcoïdose et la tuberculose. Concrètement, elle participe au développement de tests sanguins et respiratoires peu invasifs pour faciliter le diagnostic. L'identification de dysfonctionnements de ces cellules permet de suggérer de nouvelles pistes thérapeutiques. La bioinformatique est clé dans l’analyse des données. À long terme, l'objectif est de comprendre comment des facteurs environnementaux, comme les infections, participent au développement de maladies à travers des modifications de l'expression de nos gènes sans atteinte de la séquence d'ADN. Une meilleure compréhension de ces mécanismes, dits épigénétiques, a pour ambition ultime d’améliorer la prise en charge des patients
Ludivine Roumbo, doctorante à l’Institut Jacques Monod – IJM (CNRS/Université Paris Cité)
À court terme, les recherches de Ludivine Roumbo visent à mieux comprendre comment les cellules organisent leur division dans le temps et l’espace au cours du développement embryonnaire, et tout au long de la vie pour maintenir le bon fonctionnement des organismes. Elle a notamment identifié une nouvelle famille de protéines impliquées dans ces processus. À plus long terme, l’objectif est de décrypter précisément le rôle de ces protéines pour mieux comprendre les mécanismes qui déclenchent la division cellulaire. Comprendre le fonctionnement des rouages qui permettent à une cellule de se diviser une seule fois et à un moment précis permettra de cibler spécifiquement l’engrenage défectueux dans les divisions incontrôlées des cellules cancéreuses par exemple. L'étude d'une protéine clé du cycle cellulaire appelée PP2A pourrait mener au développement de nouveaux inhibiteurs spécifiques aux cellules cancéreuses, sans affecter les cellules saines.
Eulalie Liorzou, doctorante au laboratoire Génétique des génomes (CNRS/Institut Pasteur)
Les recherches d’Eulalie Liorzou visent à mieux comprendre la biologie des menstruations. Étonnamment, peu d’espèces, dont les humains, ont des règles. Elle étudie l’évolution du fonctionnement de l’utérus, l’organe reproducteur féminin, chez les primates qui ont ou non des règles. À court terme, elle cherche à découvrir les mécanismes génétiques, les informations codées dans l’ADN, que l’utérus utilise pour se transformer avant et pendant les menstruations. À long terme, elle espère mieux comprendre les causes des maladies liées aux menstruations, comme l’endométriose, une affection où des tissus similaires à l’utérus poussent hors de celui-ci. En définissant ce que sont les règles « normales », il sera possible d’améliorer le diagnostic et le traitement des maladies liées.
Sabrina Mechaussier, postdoctorante à l’Institut de l’Audition – IdA (CNRS/Inserm/Institut Pasteur)
Les recherches de Sabrina Mechaussier visent à mieux comprendre le rôle des gènes et des mutations impliqués dans les pathologies sensorielles congénitales, notamment les surdités. L'objectif est de caractériser la physiologie du nerf auditif, afin d'identifier les mécanismes liés à sa dégradation. À terme, ces travaux permettront de développer des stratégies thérapeutiques pour ralentir ou stopper la dégénérescence du nerf auditif, notamment pour les formes génétiques de neuropathies auditives, et d'offrir des solutions complémentaires à l’implant cochléaire – prothèse auditive qui stimule directement le nerf auditif – ou à la thérapie génique.
Céline Portet, doctorante au Laboratoire de neurosciences cognitives et adaptatives – LNCA (CNRS/Université de Strasbourg)
Les recherches de Céline Portet explorent la consolidation mnésique, le processus de stabilisation des souvenirs, en particulier durant le sommeil. Elle se concentre sur le claustrum, une petite région cérébrale dont la fonction reste peu connue. Mieux comprendre cette structure pourrait redéfinir les théories de la mémoire et ouvrir des pistes de recherche pour l’étude des maladies où le claustrum est altéré. De façon pratique, ses travaux montrent l’impact du claustrum sur l’activité corticale et la mémoire, permettant son intégration dans les modèles de ‘cerveau virtuel’ et ouvrant la voie aux approches de stimulations cérébrales pour réduire les troubles mnésiques.
Océane Tournière, postdoctorante à l’Institut de biologie Valrose – iBV ( CNRS/Inserm/Université Côte d’Azur)
Les recherches d’Océane Tournière visent à comprendre comment les chromosomes sexuels influencent le fonctionnement des cellules, un mécanisme encore mal compris. À terme, il s'agit d'expliquer pourquoi certaines maladies affectent différemment hommes et femmes, permettant ainsi des diagnostics et traitements plus appropriés et efficaces. Son travail a des applications concrètes en biomédecine, en intégrant le sexe biologique dans les études. Ceci améliorera le diagnostic et le traitement des maladies touchant spécifiquement les femmes et les hommes