Muriel Priault, lauréate du prix Cosmetic Victories 2025

Distinctions

Muriel Priault, chercheuse CNRS, a remporté le Prix Académique lors de la 10ᵉ édition de Cosmetic Victories, un concours international organisé par la Cosmetic Valley et son fonds de dotation. Ce prix distingue les projets de recherche les plus innovants dans le domaine cosmétique.

Un concours international prestigieux 

Sélectionnée parmi 94 projets issus de 21 pays, Muriel Priault faisait partie des six finalistes de l’édition 2025. La finale s’est tenue le 20 mai à Paris et a permis de récompenser deux lauréats : l’un dans la catégorie académique, l’autre dans la catégorie industrielle. Réservée sur ses chances de succès face à des projets en sciences appliquées et éloignés de son domaine d’expertise en recherche fondamentale, la chercheuse a été d’autant plus surprise d’obtenir ce prix.

Un projet de recherche innovant sur le vieillissement de la peau

Le projet de Muriel Priault vise à exploiter l’instabilité des protéines comme indicateurs du vieillissement cutané. L’objectif est de comprendre comment les facteurs de l’exposome (stress, environnement, rayonnements) influencent la stabilité des protéines de la peau, afin d’identifier de nouveaux biomarqueurs du vieillissement.

Ces travaux pourraient ouvrir la voie à de nouvelles approches de prévention, des solutions cosmétiques adaptées, voire des innovations médicales pour accélérer la cicatrisation ou améliorer les performances de la peau dans le temps.

Le projet proposé par Muriel Priault repose sur l’expertise de son équipe en biochimie des protéines, mais la collaboration avec des partenaires industriels est indispensable pour intégrer le savoir-faire très spécifique lié au modèle de peau humaine reconstruite.

De la recherche fondamentale à l’application

Le projet n’a pas été retenu lors d’un précédent appel à projets ANR, une décision jugée frustrante par l’équipe. Toutefois, la reconnaissance obtenue à travers le prix Cosmetic Victories confirme le potentiel industriel et biomédical de ces travaux. Muriel Priault prévoit de déposer à nouveau une demande de financement, convaincue que la recherche fondamentale peut nourrir des applications en médecine régénérative et en dermatologie.

Des plaquettes sanguines à la peau

L’intérêt de la chercheuse pour le vieillissement des protéines trouve son origine dans un autre champ de recherche : les plaquettes sanguines.

Ces cellules, impliquées dans la coagulation, ont une durée de vie d’environ 7 à 10 jours. Avec une collègue médecin hématologue, Muriel Priault a cherché à comprendre le signal déclencheur de leur mort programmée. Ensemble, elles ont déposé deux brevets et développent, un outil permettant de mesurer l’« âge moyen » des concentrés plaquettaires collectés par l’Établissement français du sang (EFS) afin d’optimiser les transfusions.

Ce premier succès a servi de preuve de concept : les mécanismes observés sur les plaquettes peuvent également être étudiés dans d’autres tissus, comme la peau. Cette approche ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour évaluer l’impact de l’exposome (ensemble des facteurs environnementaux auxquels la peau est exposée) sur le vieillissement cutané.

Un parcours guidé par la passion de la recherche

Dès ses études, Muriel Priault s’est interrogée sur sa vocation : le métier de chercheur correspondait-il réellement à ses attentes ? Pour le savoir, elle a sollicité un laboratoire qui l’a accueillie le temps de découvrir le quotidien des chercheurs. Cette expérience a été déterminante : « J’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire. La recherche me stimule en permanence : chaque jour, j’ai le sentiment de me coucher en sachant un peu plus qu’au réveil. »

À ceux qui envisagent une carrière scientifique, elle adresse ce conseil :

« La recherche, c’est 364 jours de pluie pour un jour de soleil. Mais ce jour de soleil vaut tout le reste. »

Pour elle et son équipe, l’obtention du prix Cosmetic Victories a été l’un de ces rares et précieux jours de soleil.

Un engagement pour l’innovation

Au-delà de ses recherches, Muriel Priault s’investit également comme ambassadrice de l’innovation du CNRS. Son objectif : partager son expérience pour faciliter l’accès des chercheurs à l’innovation et accélérer les transferts vers le monde socio-économique. Elle souhaite ainsi montrer que l’innovation naît dans la recherche fondamentale et se construit aussi grâce à des échanges et des partenariats, comme celui qui l’a conduite, aux côtés d’une hématologue, à franchir le pas vers la recherche appliquée.