Infection des macrophages par les lymphocytes T VIH+ : fusionner pour mieux infecter

Résultats scientifiques Immunologie, infectiologie

Les thérapies antirétrovirales sont efficaces pour réduire la charge virale chez les patients infectés par le VIH-1, mais l'un des défis pour éradiquer complètement le virus reste l'élimination des réservoirs viraux. Les macrophages sont l’une des deux cibles principales du virus et constituent des réservoirs où le virus persiste. Comprendre comment ils sont infectés est donc essentiel. Dans cette étude publiée dans The Journal of Cell Biology, les scientifiques proposent que la fusion des macrophages avec des lymphocytes T infectés constitue le mode majeur d'infection des macrophages in vivo.

Les macrophages sont des cellules peu permissives à l’infection par du virus libre. Dans cette nouvelle publication, les scientifiques montrent que le mécanisme de fusion des macrophages avec les lymphocytes T infectés est le moyen le plus rapide et le plus efficace pour infecter des macrophages in vitro. Ce mode de transmission permet une infection efficace des macrophages humains résidents isolés de divers tissus, y compris les macrophages alvéolaires du poumon qui constituent des réservoirs viraux. La capacité des macrophages à être infectés par ce mécanisme est modulée par l'état d'activation des macrophages, elle est fortement inhibée dans un contexte inflammatoire. De plus, une analyse en microscopie met en évidence que l’infection des macrophages par fusion avec des cellules T infectées dépend de la formation d’une structure d’adhésion spécifique entre les deux types cellulaires où s’accumulent des intégrines et de l’actine. Ce mode d’infection est régulé par la protéine transmembranaire tétraspanine CD81 qui initie une cascade de signalisation, qui contrôle les caractéristiques du réseau cortical du macrophage et donc la fusion entre les deux types cellulaires.

Cette étude souligne l'importance de la fusion intercellulaire pour l’infection des macrophages tissulaires. De plus, l’identification des mécanismes impliqués dans ce mode d’infection pourrait conduire à de nouvelles stratégies pour éradiquer les réservoirs cellulaires persistants chez les patients.

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© Renaud Poincloux et Rémi Mascarau

Figure : microcopie électronique à balayage montrant un lymphocyte T infecté par le VIH-1 (rose) en contact avec un macrophage (gris).

Pour en savoir plus :
Productive HIV-1 infection of tissue macrophages by fusion with infected CD4+ T cells.
Rémi Mascarau, Marie Woottum, Léa Fromont, Rémi Gence, Vincent Cantaloube-Ferrieu, Zoï Vahlas, Kevin Lévêque, Florent Bertrand, Thomas Beunon, Arnaud Métais, Hicham El Costa, Nabila Jabrane-Ferrat, Yohan Gallois, Nicolas Guibert, Jean-Luc Davignon, Gilles Favre, Isabelle Maridonneau-Parini, Renaud Poincloux, Bernard Lagane, Serge Bénichou, Brigitte Raynaud-Messina and Christel Vérollet. 
J Cell Biol. 2023 May 1;222(5):e202205103. Epub 2023 Mar 29. PMID: 36988579. DOI:
https://doi.org/10.1083/jcb.202205103

Contact

Brigitte Raynaud-Messina
Chercheuse CNRS

Laboratoire

Institut de pharmacologie et biologie structurale (Université Toulouse III - Paul Sabatier/CNRS)
Université Paul Sabatier
205, route de Narbonne
Toulouse