Hommage à Raymond Devoret
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Raymond Devoret, survenu à Orsay le 16 janvier 2018.
Après des études de Médecine et de Physique, Raymond Devoret a d’abord exercé comme médecin du travail dans un institut de recherche, ce qui a éveillé son intérêt pour la compréhension des effets des radiations sur le vivant et l’a conduit à préparer une thèse en radiobiologie sous la direction du Dr Raymond Latarjet. Il a ensuite intégré le CNRS en 1960 et voué toute sa carrière à la recherche en radiobiologie, d’abord dans des laboratoires du CNRS à Gif-sur-Yvette, puis à l’Institut Curie à Orsay. Il s’est particulièrement illustré dans les domaines de la réponse des bactéries aux radiations, en particulier aux mécanismes moléculaires d’induction du phage lambda, de la réparation de l’ADN et des mécanismes moléculaires de la mutagenèse à une époque où le lien entre mutagenèse et cancérogenèse ne faisait qu’émerger. Il a par ailleurs mis au point l’inductest, test qui permettait de détecter des cancérigènes potentiels. Il a siégé dans de nombreux conseils scientifiques, commissions et comités d’expert, a été membre de l’EMBO, reconnu comme expert dans le domaine de la dynamique et la stabilité des génomes et a obtenu plusieurs prix scientifiques, en particulier le prix Charles Léopold Meyer de l’Académie des Sciences, partagé avec le Professeur Miroslav Radman en 1992.
Raymond Devoret était un chercheur reconnu internationalement de par ses publications, sa participation à des congrès internationaux, ses collaborations internationales, ses séjours dans des laboratoires aux Etats Unis et l’accueil dans son laboratoire de nombreux chercheurs venant du monde entier. Les chercheurs formés dans son laboratoire louent sa rigueur scientifique, son enthousiasme pour tester de nouvelles hypothèses, mais aussi son exigence concernant la clarté requise pour présenter les résultats obtenus. C’était un débatteur redouté, au laboratoire comme dans les plus grands congrès scientifiques, ainsi qu’un scientifique de talent qui n’hésitait pas à défendre ses idées avec ferveur surtout si elles marquaient une rupture avec la pensée unique. Tous reconnaissaient son enthousiasme pour la science, son énergie et sa curiosité insatiable. C’était un scientifique généreux qui a toujours apporté beaucoup de bienveillance et d’aide aux jeunes chercheurs. Il a laissé à tous ceux qui l’ont croisé des souvenirs impérissables. C’est un pan de l’histoire de la radiobiologie qui nous quitte et sa disparition est une grande perte dans le domaine des 3R et de la biologie des radiations.