Hommage à Luc Montagnier

Hommages

C’est avec tristesse que nous apprenons le décès de Luc Montagnier, survenu le 8 février 2022. Pionnier dans son domaine Luc Montagnier a utilisé les approches de biologie moléculaire pour découvrir et caractériser de nouveaux virus. Sa contribution majeure sera la découverte du virus du SIDA qui lui vaudra le prix Nobel en 2008 partagé avec Françoise Barré-Sinoussi.

Après une formation universitaire à la faculté des sciences de Paris, Luc Montagnier est recruté en 1960 au CNRS puis effectue des stages de virologie en Grande Bretagne dans le laboratoire de F.K. Sanders. Il montre alors que la forme réplicative et infectieuse du virus de l’encéphalomyocardite murine est une molécule d’ARN. Ces travaux pionniers suggéraient que l’ARN viral pouvait se répliquer en formant un brin complémentaire, ce qui fut confirmé près de 10 ans plus tard par microscopie électronique.

Il poursuit sa carrière à l’Institut Curie où il étudie les rétrovirus oncogènes. Il montrera que la réplication du virus du sarcome de Rous, virus à ARN simple brin, passe par une étape de rétro-transcription en ADN double brin et que cet ADN double brin peut s’intégrer dans le génome conduisant à la transformation des cellules infectées.

En 1972, il rejoindra le département de virologie de l’Institut Pasteur pour créer la nouvelle unité d’oncologie virale. En collaboration étroite avec Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi, des spécialistes de la transcriptase inverse, il identifiera, en 1983, un nouveau rétrovirus de la famille des virus leucémiques T (HTLV), le « Lymphadenopathy Associated Virus » (LAV), à partir d’un patient atteint d’un syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA). Luc Montagnier et ses collaborateurs confirmeront ensuite que ce virus rebaptisé HIV-1, est l’agent causal du SIDA. Pour ces travaux, Luc Montagnier sera lauréat du prix Lasker pour la recherche médicale en 1986, et Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi du prix Nobel de Médecine en 2008.

Le laboratoire dirigé par Luc Montagnier isolera ensuite des anticorps reconnaissant les protéines d’enveloppe du virus ce qui permettra de développer des tests diagnostiques.

En 1993, Luc Montagnier participera à la création de la Fondation Mondiale de Prévention et Recherche Sida, sous l’égide de l’UNESCO.

Luc Montagnier poursuivra toute sa carrière au CNRS. En 1997, alors âgé de 65 ans et ne pouvant plus diriger un laboratoire en France, il enseignera au Queens College à New York jusqu'en 2001.

Lors de ces dernières années, ses prises de positions surprenantes sur des questions de santé ont été fortement critiquées par la communauté scientifique, ternissant une carrière scientifique prestigieuse.