Hommage à Jean-Stéphane Joly

Hommages

C’est avec une immense tristesse que l’Institut national des sciences biologiques (INSB) a appris le décès de Jean-Stéphane Joly, âgé de 55 ans, le 16 septembre 2022. Directeur de recherche Inrae, il développait ses travaux au sein de Institut des Neurosciences Paris-Saclay (NeuroPSI),et pilotait l’unité d’appui à la recherche (UAR) Tefor Paris-Saclay.

Ingénieur agronome diplômé d’AgroBioTech, Jean-Stéphane Joly a réalisé son doctorat à l’Institut Pasteur dans le laboratoire de François Jacob sous la direction d’Hubert Condamine. Ses recherches portaient sur la gastrulation chez le poisson zèbre, modèle qui l’a passionné tout au long de sa carrière. Il en est devenu un spécialiste reconnu à l’échelle internationale et a ainsi coordonné plusieurs projets européens dans le domaine. Néanmoins, toujours très attaché à la dimension évolutive de ses résultats de recherche, il a travaillé sur d’autres modèles aquatiques pour étudier le développement des chordés.

Après avoir travaillé sur le rôle des gènes à homéoboite dans le développement embryonnaire du poisson sur le campus Inrae de Jouy-en-Josas, Jean-Stéphane Joly a rejoint l’Institut de Neurobiologie Alfred Fessard à Gif-sur-Yvette au début des années 2000. Son équipe a ensuite contribué à la création de l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay qui s’est installé à Saclay en 2021. C’est dans cet environnement de neurosciences qu’il a développé ses projets sur le développement du système nerveux chez le poisson zèbre, le médaka et l’ascidie. Ses travaux ont particulièrement porté sur la prolifération des progéniteurs neuraux dans le cerveau, les gènes neuraux et les régulations transcriptionnelles impliquées dans le développement du système nerveux.

Conscient de l’importance des nouvelles technologies pour répondre de façon novatrice à des questions de biologie fondamentale, il a été pionnier dans la mise au point de méthodes de pointe adaptées aux modèles aquatiques. Dès 2000 il utilise les méganucleases comme outils de transgenèse. Il a créé des plateformes de haut niveau comme Amagen plateforme experte dans l’élevage et la création de modèles par ingénierie génétique chez les espèces aquatiques, mettant à profit des techniques d’imagerie innovantes.

Jean-Stéphane Joly vouait une passion aux questions portant sur l’évolution et au partage de connaissances. Lorsqu’il a monté Amagen, il a aussitôt ouvert la plateforme à l’ensemble de la communauté scientifique, publique et privée. Il était persuadé de l’intérêt d’offrir aux chercheurs une expertise sur les modèles expérimentaux pour les aider à résoudre leurs problématiques. En 2008, il a créé le réseau d’Études fonctionnelles chez les organismes modèles (Efor), qui regroupe actuellement les spécialistes de plus de trente modèles animaux et vingt modèles végétaux. Les journées annuelles du réseau connaissent un succès constant. En 2012, Jean-Stéphane Joly a aussi porté le projet Tefor coordonné par le CNRS, financé dans le cadre de l’action-santé du programme d’investissement d’avenir (PIA) et aujourd’hui intégré à l’infrastructure nationale de biologie-santé Celphedia.

Jean-Stéphane Joly pensait part ailleurs qu’il était indispensable de communiquer auprès du grand public pour expliquer la recherche et la nécessité de l’expérimentation animale dans le strict respect des réglementations. Nous lui devons de nombreux articles et toute une série de vidéos. Récemment, il était fortement impliqué dans l’année de la biologie.

Tous ceux qui ont connu Jean-Stéphane Joly se souviendront d’un chercheur passionné, d’un collègue armé de courage qui ne laissait jamais la maladie dicter sa conduite. Infatigable porteur de projet, toujours paré de nouvelles idées, il était un collègue apprécié, doué d’un immense sens du collectif.

Dans ces circonstances douloureuses, le CNRS, auquel s’associe l’Université Paris-Saclay, et l’ensemble de ses collègues tiennent à adresser à sa famille et à ses proches leurs plus sincères condoléances.