Hommage à Andrée Tixier-Vidal

Hommages

Madame Andrée Tixier-Vidal, directeur de recherche émérite au CNRS, nous a quitté le 8 décembre 2021 à l’âge de 98 ans. C’est une grande figure de la biologie cellulaire française qui disparaît. Ses travaux de recherche basés sur une approche cellulaire de l’analyse des régulations neuroendocrines, ont conduit à des progrès importants dans notre connaissance de la morphologie du système neuroendocrine et de ses fonctions.

Andrée Vidal est née le 10 Avril 1923 dans une petite ville de Charente, Chasseneuil-sur-Bonnieure, d’un père cheminot et d’une mère sans profession. Elle prendra plus tard le nom de Tixier-Vidal pour sa carrière professionnelle après son mariage avec Marcel Tixier en 1953. Très bonne élève, elle réussit en 1939 le concours d’entrée à l’Ecole normale d’instituteurs, école qui a joué pendant très longtemps le rôle d’ascenseur social pour de nombreux jeunes provinciaux désireux de poursuivre leurs études après le certificat. Elle ne s’arrête pas là et intègre en 1943 l’Ecole Normale Supérieure de jeunes filles de Fontenay-aux-Roses. En 1947, elle est reçue à l’agrégation en sciences naturelles et part enseigner au lycée Fénelon à Lille. Elle n’y reste qu’un an, l’ENS de Fontenay-aux-Roses lui ayant proposé un poste d’agrégée préparatrice. C’est à ce poste qu’elle se passionne pour la recherche. Recrutée au CNRS en 1955, elle rejoint le laboratoire de Jacques Benoît, Professeur au Collège de France, l'un des pionniers français de la neuroendocrinologie et connu pour ses expériences réalisées avec Ivan Assenmacher chez le canard domestique démontrant le contrôle par l’hypothalamus des fonctions de l’antéhypophyse (appelée aussi glande pituitaire). Les premiers travaux d’Andrée Tixier-Vidal portent sur les relations physiologiques entre l’antéhypophyse et la glande thyroïde chez l’embryon de poulet, le canard et plusieurs espèces d’oiseaux. Elle s’intéresse ensuite aux modifications cytologiques et ultrastructurales induites chez l’antéhypophyse par différents traitements hormonaux ou la lumière.

En 1970, elle crée le laboratoire de neuroendocrinologie cellulaire et moléculaire au Collège de France, laboratoire dans lequel elle effectuera toute sa carrière. Son équipe, bâtie avec des collaboratrices fidèles (Danièle Gourdji, Claude Tougard, et Annie Faivre pour ne citer qu’elles) met au point les conditions de culture de lignées antéhypophysaires qui lui permettront d’étudier à la fois les mécanismes d’action des facteurs secrétés par l’hypothalamus comme la thyroliberine (TRH) et les mécanismes moléculaires de la biosynthèse/sécrétion des hormones hypophysaires comme la prolactine. Ces travaux font largement appel à la microscopie électronique et à l’expertise unique d’Andrée Tixier-Vidal en la matière. Ils sont publiés dans des revues prestigieuses et lui vaudront une reconnaissance internationale. Son équipe met ensuite au point la culture de neurones hypothalamiques en milieu chimiquement défini, technique qui conduira à des contributions importantes sur la physiologie de ces cellules et à des collaborations avec de nombreuses équipes en France et à l’étranger.

En plus de la direction de son laboratoire, Andrée Tixier-Vidal a assuré de nombreuses responsabilités d’administration et de gestion de la recherche. Elle a présidé une section du Comité National de la Recherche Scientifique et deux Sociétés savantes, la Société de Neuroendocrinologie et la Société de Biologie Cellulaire de France (SBCF). Elle est aussi l’auteur d’un ouvrage de référence sur la « Biologie cellulaire de la sécrétion des protéines » (Economica éditeur, 1997).

Nous garderons le souvenir d’une grande scientifique, rigoureuse, passionnée et exigeante qui jusqu’à encore très récemment, suivait assidument les conférences et séminaires scientifiques. Ses travaux de recherche étaient précurseurs à bien des égards et ont influencé nombre de chercheurs en biologie cellulaire et en neuroendocrinologie.