Des pseudo-adénovirus chimériques pour combattre les virus émergents

Résultats scientifiques Immunologie, infectiologie

Les maladies infectieuses continuent de décimer les populations dans le monde entier. Si la vaccination s'avère exceptionnellement puissante, de graves menaces pèsent toujours. Des épidémies causées par des virus comme Zika ou Chikungunya transmis par la piqûre du moustique tigre deviennent fréquentes y compris à des latitudes autrefois tempérées. Une technologie vaccinale facilement adaptable aux besoins et simple à produire est donc souhaitable. En se basant sur une particule non-infectieuse pseudo-adénovirale, des fragments des virus émergents peuvent maintenant être insérés à façon pour alerter le système immunitaire. Ces résultats sont publiés dans la revue Science Advances.

Dans le cadre d'un consortium international avec l’EMBL et l’Université de Bristol pour imaginer cette nouvelle technologie vaccinale, les chercheurs travaillent depuis de nombreuses années sur une protéine de l’adénovirus s’auto-assemblant spontanément pour donner une particule particulièrement stable (même sans réfrigération) ressemblant à un virus mais étant non infectieuse. Une étude par cryo-microscopie électronique a montré que cette particule possède une surface quasi-sphérique très flexible.

Une ingénierie de cette protéine adénovirale a alors été menée pour remplacer à façon ces régions exposées par celles provenant d’autres pathogènes. Une preuve de principe a été établie en exprimant une particule affichant des épitopes neutralisants du virus Chikungunya. Ces néo-particules chimériques Adénovirus/Chikungunya ont donné des résultats prometteurs dans les études animales comme le montrent à la fois leur drainage vers les ganglions lymphatiques et la réponse humorale produite contre les épitopes du virus Chikungunya couvrant la particule.

Cette technologie vaccinale simple d’emploi, basée sur une particule unique pouvant être modifiée par biologie synthétique a été brevetée par le CNRS et l’EMBL* et pourrait à terme permettre de combattre de nombreuses autres maladies infectieuses. De plus, il a été montré que ces particules vaccinales étaient extrêmement résistante au stockage à la chaleur, une condition requise pour atteindre des pays dans lesquels la chaine du froid est difficile à respecter.

*  http://www.cnrsinnovation.com/catalogue-cnrs/adenoviral-coat-protein-delivery-vehicles-for-use-as-a-vaccine-platform/

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© Pascal Fender

Figure : Un monomère de la protéine adénovirale est représenté en gris. Des épitopes du virus Chikungunya (rouge et bleu) sont ajoutés par biologie synthétique. Après autoassemblage spontané des 60 monomères, une particule vaccinale chimérique adénovirus/chikungunya est obtenue. 

Pour en savoir plus :
Synthetic self-assembling ADDomer platform for highly efficient vaccination by genetically encoded multiepitope display.
Vragniau C, Bufton JC, Garzoni F, Stermann E, Rabi F, Terrat C, Guidetti M, Josserand V, Williams M, Woods CJ, Viedma G, Bates P, Verrier B, Chaperot L, Schaffitzel C, Berger I, Fender P.

Sci Adv. 2019 Sep 25;5(9):eaaw2853. doi: 10.1126/sciadv.aaw2853. eCollection 2019 Sep.

Contact

Pascal Fender
Chercheur CNRS à l'Institut de biologie structurale (IBS)