Chlamydomonas : des ARN mitochondriaux bien poly(C) !

Résultats scientifiques

Les modifications de l'ARN jouent un rôle prépondérant dans l’expression génétique. L'existence d’ajouts poly(A) à l'extrémité 3' des ARN messagers et plus récemment celle d’ajouts poly(U) (succession d’Uridines) sont bien connues. En étudiant l’expression du génome mitochondrial de Chlamydomonas reinhardtii, l’équipe de Laurence Drouard à l'Institut de biologie moléculaire des plantes, en collaboration avec l’équipe d’Olivier Vallon à l'Institut de Biologie physico-chimique, a découvert l’ajout de poly(C) (succession de Cytidines) à l'extrémité des ARN messagers mitochondriaux. Ce nouveau type de modification post-transcriptionnelle des ARN messagers illustre une biodiversité qui se décline aussi à l'échelle moléculaire. Cette étude a été publiée le 9 octobre 2017 dans la revue Nucleic Acids Research.

Les mitochondries, véritables centrales énergétiques des cellules eucaryotes, proviennent d’une bactérie ancestrale unique. Pour autant, au cours de l’évolution, la structure et l’expression du génome mitochondrial se sont diversifiées pour aboutir à des mécanismes moléculaires très divergents. Ainsi le génome mitochondrial des plantes supérieures est très grand, alors que celui de l’algue verte, Chlamydomonas reinhardtii est très petit et compact comme le génome mitochondrial humain.

 

A ce jour, Adénosines et Uridines représentaient les deux seules formes de nucléotides ajoutées à l’extrémité 3’ des ARN messagers mitochondriaux : chez les animaux, la polyadénylation stabilise les ARN messagers et complète le codon stop, chez les plantes c’est un signal de dégradation! Chez un groupe d’Amibes (Myxomycètes), ce sont des additions d’Uridines qui ont été identifiées.

 

Par diverses approches, les chercheurs ont mis en évidence que les ARN messagers mitochondriaux de Chlamydomonas pouvaient aussi se terminer par des extensions riches en Cytidines. Premier et unique exemple à ce jour de l’existence d’une telle modification post-transcriptionnelle, elle représente une nouvelle voie de régulation de l’expression des gènes. Une analyse phylogénétique montre que l’émergence de la polycytidylation, processus spécifique des Chlorophycées, constitue un événement récent dans la lignée des algues vertes.

 

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Figure : Polycytidylation des ARN messagers mitochondriaux de Chlamydomonas reinhardtii

© Guillaume Hummel
 

 

En savoir plus

 

Contact

Laurence Drouard
Thalia Salinas-Giegé
Ingénieure de recherche CNRS à l'Institut de biologie moléculaire des plantes (IBMP)
Olivier Vallon
Chercheur CNRS ) l'Institutde biologie physico-chimique (CNRS/Sorbonne Université)