Cancer du rein à cellules claires : un rôle déterminant des myofibroblastes associés aux cancers dans la résistance à l’immunothérapie

Résultats scientifiques Physiologie et cancer

L’immunothérapie constitue le traitement de première ligne des patients atteints d'un carcinome rénal à cellules claires métastatique (ccRCC). Cependant, tous les patients ne sont pas sensibles au traitement. Dans une étude publiée dans la revue Cancer Research, les chercheurs ont mis en évidence la contribution déterminante dans la résistance à l’immunothérapie d’une population spécialisée de fibroblastes associés au cancer, appelée myofibroblastesCes travaux pourront permettre une meilleure individualisation des traitements.

Les carcinomes rénaux à cellules claires (ccRCC) représentent 75% des cancers du rein avec environ 315 000 nouveaux patients par an dans le monde. L’immunothérapie constitue le traitement de première ligne des ccRCCs de stade avancé. Cependant, une proportion importante de patients présente une résistance primaire à l’immunothérapie avec un échappement tumoral. Les chercheuses et chercheurs ont donc analysé la composition des tumeurs ccRCCs et de leur microenvironnement afin de comprendre comment les différentes populations cellulaires contribuent à la résistance à l’immunothérapie. 

Les scientifiques ont utilisé la transcriptomique à l’échelle de la cellule unique pour établir le profil d’expression des gènes de 56 421 cellules à partir des ccRCCs de patients ainsi que des tissus normaux adjacents. Cette approche a permis l’identification de 46 populations de cellules différentes, dont au moins 5 types de cellules tumorales formant un gradient allant du programme épithélial au mésenchymateux. Parmi ces différentes populations, il existe une forte association entre les cellules tumorales mésenchymateuses et une population spécialisée de fibroblastes associés au cancer, appelée myofibroblastes. Des expériences de transcriptomique spatial permettant de localiser les différentes populations de cellules au sein des tumeurs ont montré que les myofibroblastes et les cellules tumorales mésenchymateuses se localisent souvent ensemble au niveau du front d’invasion tumoral à l’interface avec le tissu normal. De plus, à partir des données d’un essai clinique national appelé BIONNIK, les scientifiques ont montré que la présence de myofibroblastes au niveau des tumeurs était associée à la résistance des patients à l’immunothérapie et plus globalement à un mauvais pronostic.

L’utilisation de ces nouvelles technologies de transcriptomique a permis de mettre en lumière la plasticité des cellules tumorales des ccRCC et leurs interactions avec le microenvironnement de la tumeur. Les résultats montrent ainsi pour la première fois le rôle des myofibroblastes dans l’agressivité des cancers du rein à cellules claires et les identifient comme des acteurs clés dans la modulation de la réponse à l’immunothérapie.  Ces nouvelles connaissances devraient contribuer à une meilleure identification des patients qui pourront présenter une résistance à l’immunothérapie et ainsi permettre de personnaliser leur traitement.

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© Alexandra Helleux, IGBMC Illkirch. Image créée avec BioRender.
Figure : Modèle pour l’organisation des ccRCC montrant la présence des myofibroblastes (myCAFs) et les cellules ccRCC mésenchymateuses (ccRCC.mes) à l’interface entre la tumeur et le tissu normal constitué principalement par des tubules proximaux droits (PST). Les myofibroblastes et les ccRCC.mes sont également enrichis dans les métastases. Ainsi, les myofibroblastes contribuent à la fois à l’invasion du tissu normal et à la résistance à l’immunothérapie.

En savoir plus : 
Davidson et al. (2023). Mesenchymal-like tumor cells and myofibroblastic cancer-associated fibroblasts are associated with progression and immunotherapy response of clear-cell renal cell carcinoma. Cancer Research, Jun 19:CAN-22-3034. doi: 10.1158/0008-5472.CAN-22-3034. Online ahead of print.

Contact

Gabriel Malouf
Professeur des universités - Praticien hospitalier

Laboratoire

Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire – IGBMC (CNRS/Inserm/Université de Strasbourg)
1 rue Laurent Fries, BP10142

67404 Illkirch-Graffenstaden