Allergies : empêcher la progression de la dermatite atopique vers l’asthme

Résultats scientifiques Immunologie, infectiologie

Dans une étude publiée dans la revue Nature Communications, les scientifiques mettent en lumière l’importance de deux protéines dans la progression de la dermatite atopique vers l’asthme allergique : les cytokines TSLP et IL-1β. Ils montrent également que ces deux facteurs clés peuvent avoir un rôle complémentaire en fonction de la sévérité de la dermatite atopique et apportent de nouvelles connaissances pour empêcher le développement de l’asthme suite à une dermatite atopique.

La dermatite atopique (DA) est une maladie inflammatoire cutanée qui affecte 20% des enfants et 3% des adultes. Elle débute généralement vers 3 mois chez les nouveaux-nés et précède souvent d’autres maladies atopiques, tel que l’asthme, dans un processus appelé marche atopique. Les traitements actuels diminuant les symptômes sans guérir l’asthme, il est nécessaire d’identifier des stratégies pour stopper la marche atopique.

L’asthme allergique se développe en deux phases : une phase de sensibilisation et une phase de révélation. La sensibilisation allergique peut s’effectuer à travers la peau des patients atteints de DA car celle-ci présente une barrière cutanée défectueuse et un microenvironnement inflammatoire facilitant son apparition. De par la complexité et l’hétérogénéité de la DA, la façon dont ce microenvironnement régule la sensibilisation allergique cutanée et la marche atopique reste à ce jour mal connu. La sévérité de la DA peut conduire à l’exposition aux allergènes à différentes profondeurs cutanées et ainsi mettre en jeu différents microenvironnements inflammatoires, lesquels restent difficile à étudier à cause du manque de systèmes expérimentaux pertinents. 

Dans cette étude, les scientifiques développent un système expérimental pour induire la sensibilisation allergique s’effectuant au cours de la dermatite atopique légère (à travers l’épiderme, sensibilisation épicutanée) ou au cours de la dermatite atopique sévère (à travers le derme, sensibilisation dermacutanée) chez la souris. Ils montrent que cibler la cytokine TSLP, produite par les cellules épithéliales, lors de la sensibilisation épicutanée est suffisant pour prévenir la marche atopique. Au contraire, TSLP a seulement un rôle partiel dans la sensibilisation dermacutanée, alors que l’IL-1β, une autre cytokine produite par les cellules immunitaires infiltrant les lésions de dermatite atopique, joue un rôle complémentaire en promouvant la sensibilisation allergique et la progression vers l’asthme. Cette étude permet d’identifier que TSLP et l’IL-1β sont deux facteurs clés impliqués dans la sensibilisation allergique cutanée et la marche atopique, et que leur rôle dépend du contexte de sensibilisation.

Ce travail apporte de nouvelles connaissances concernant le développement de cibles biologiques pour arrêter la marche atopique, et renforce l’importance de cibles personnalisées pour obtenir une meilleure efficacité.

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© Mei Li

Figure : Représentation schématique du rôle de TSLP et l’IL-1β au cours de la sensibilisation allergique cutanée et de la marche atopique. Quand la sensibilisation aux acariens s’effectue via des lésions cutanées superficielles (sensibilisation épicutanée), TSLP produit par les kératinocytes situés dans l’épiderme joue un rôle prépondérant pour la sensibilisation allergique via les ganglions lymphatiques (générant une réponse Th2, Tfh et B) et pour l’inflammation des poumons en résultant. Quand la sensibilisation allergique s’effectue plus profondément dans la peau (sensibilisation dermacutanée), l’IL-1β, produit par les neutrophiles et les monocytes / macrophages infiltrant les lésions, contribue, avec TSLP, à générer une sensibilisation allergique plus importante résultant en une inflammation des poumons plus sévère.

Pour en savoir plus :
Context-dependent function of TSLP and IL-1β in skin allergic sensitization and atopic march
Justine Segaud, Wenjin Yao, Pierre Marschall, Fran.ois Daubeuf, Christine Lehalle, Beatriz German, Pierre Meyer, Pierre Hener, C.cile Hugel, Eric Flatter, Marine Guivarch, Laetitia Clauss, Stefan F. Martin, Mustapha Oulad-Abdelghani, and Mei Li
Nature Communications 1er septembre 2022. https://doi.org/10.1038/s41467-022-32196-1

Contact

Mei Li
Directrice de recherche CNRS

Laboratoire

Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (CNRS / Inserm/ Université de Strasbourg)
1 rue Laurent Fries
67400 Illkirch Graffenstaden