Aurélie Tchoghandjian, la précision au service de la lutte contre les gliomes

Résultats scientifiques Physiologie et cancer

Aurélie Tchoghandjian, chargée de recherche CNRS à l’Institut de neurophysiopathologie de Marseille¹, développe des stratégies pour cibler à la fois les cellules tumorales et leur microenvironnement dans les gliomes. Elle est récompensée par la médaille de bronze du CNRS.

Depuis sa thèse, Aurélie Tchoghandjian s’attache à comprendre les rouages de résistance aux traitements des gliomes, les tumeurs cérébrales les plus fréquentes. Formée à Marseille puis passée par l’Allemagne, elle explore les mécanismes qui permettent aux cellules tumorales de survivre, de s’adapter et d’échapper aux traitements.

Elle s’intéresse en particulier aux protéines inhibitrices de l’apoptose, ces molécules qui empêchent la mort programmée des cellules. Elle montre qu’en plus de protéger les cellules cancéreuses, elles participent au maintien de leur état « souche », les rendant plus résistantes. Les cibler induit toutefois leur différenciation et les rend plus sensibles aux traitements.

Et leur impact ne s’arrête pas là : « Je me suis rendu compte que ces protéines influencent aussi le microenvironnement tumoral, en modulant des signaux liés à l’inflammation et à l’immunité », explique la chercheuse. Ce constat la pousse à élargir son approche. L’idée ? Utiliser une cible unique pour s’attaquer à plusieurs composantes du cancer cérébral. Cette stratégie de ciblage multicellulaire est au cœur de l’équipe « GlioME » qu’elle co-dirige à l’INP.

Travailler sur une cible qui agit à la fois sur la tumeur et son microenvironnement, c’est multiplier les leviers d’action tout en réduisant les traitements potentiels
Aurélie Tchoghandjian, chargée de recherche CNRS

Depuis sa création en 2022, son équipe a montré que l’inhibition de ces protéines réduit l’immunosuppression et restructure la vascularisation tumorale, ce qui améliorerait l’accès des traitements via les vaisseaux. Ces travaux combinent divers modèles précliniques allant des modèles murins pour l’étude du microenvironnement, aux tumoroïdes dérivés de patients pour reproduire la complexité des tumeurs. Ceux-ci sont proposés à d’autres acteurs dans le cadre de la plateforme PETRA’TECH’, qu’Aurélie Tchoghandjian dirige au sein du réseau PETRA2 qu’elle a cofondé pour rapprocher la recherche fondamentale du patient.

Côté recherche, une cible concentre désormais ses efforts : ML-IAP, une protéine associée à un mauvais pronostic, présente à la fois dans les cellules tumorales et certains macrophages du microenvironnement. Aurélie Tchoghandjian explore plusieurs pistes pour l’inhiber et concevoir de nouveaux inhibiteurs spécifiques. Une dynamique collective pour faire avancer la lutte contre ces cancers du cerveau.

Ce que j’aime dans mon métier, c’est de pouvoir combiner réflexions intellectuelles et travail manuel en toute liberté
Aurélie Tchoghandjian, chargée de recherche CNRS