Julien Robert-Paganin, décodeur des moteurs de la vie
Julien Robert-Paganin, chargé de recherche CNRS au laboratoire Biologie cellulaire et cancer1 , décrypte les moteurs moléculaires du vivant pour mieux comprendre les anomalies structurales à l’origine de certaines pathologies.Il est récompensé par la médaille de bronze du CNRS.
- 1Unité CNRS/Institut Curie
Porté par la curiosité scientifique depuis l’enfance, Julien Robert-Paganin exerce aujourd’hui un métier passion, une véritable vocation. Après sa thèse à l’université Paris Descartes, il fait un bref passage dans l’enseignement avant de rejoindre, en 2015, l’équipe Motilité Structurale d’Anne Houdusse à l’Institut Curie. Il y découvre les myosines, des protéines motrices impliquées dans la contraction musculaire, la division et la migration cellulaires. Très vite, il se passionne pour ces moteurs et les techniques permettant de les étudier.
Recruté au CNRS en 2019, il s’attaque notamment à une énigme restée sans réponse : l’état de repos de la myosine cardiaque. Cette protéine, responsable des contractions du cœur, possède un état auto-inhibé instable, jusque-là difficile à observer. Grâce à la cryo-microscopie électronique, il en révèle la structure et démontre qu’elle diffère nettement de celle observée dans d’autres muscles. Un résultat inattendu, mais déterminant pour comprendre certaines cardiomyopathies hypertrophiques, liées à des mutations perturbant ce mécanisme de régulation.
« Ce qui me passionne, c’est relier structure, fonction et pathologie grâce à une approche multi-échelle, pluridisciplinaire et collective. La vision du chercheur isolé n’est plus valable », confie-t-il. Dans cet esprit, il poursuit ses recherches sur la myosine du parasite du paludisme : Plasmodium. Il a notamment montré comment ce moteur moléculaire s’adapte aux besoins du parasite à chaque stade infectieux (invasion, déplacement rapide, etc.).
Désormais, il souhaite s’attaquer à une autre protéine clé : l’actine. Sans elle, Plasmodium ne peut infecter son hôte. À travers ses recherches, Julien Robert-Paganin espère ainsi contribuer à une meilleure compréhension du vivant et, peut-être, à en alléger les maux.