Anne-Lise Giraud, un parcours aux rythmes du langage

Distinctions Neuroscience, cognition

Anne-Lise Giraud, directrice de recherche CNRS et directrice de l’Institut de l’audition1 , décortique les oscillations cérébrales au cœur de notre capacité de langage. Elle est récompensée par la médaille d’argent du CNRS.

  • 1Unité CNRS/Inserm/Institut Pasteur

Comment notre cerveau donne-t-il sens de ce que nous entendons ? Cette question anime Anne-Lise Giraud depuis l’aube du nouveau millénaire. « Je suis fascinée par le pouvoir transformateur du langage sur l’activité cérébrale et mentale. Un sujet si complexe que je n’ai pas encore réussi à l’explorer pleinement de façon expérimentale, mais je n’ai pas dit mon dernier mot », sourit-elle.
Spécialiste des rythmes cérébraux, la chercheuse a montré que le cerveau transforme la parole en sens grâce à un couplage d’oscillations neuronales — thêta, gamma, puis bêta, fréquence longtemps restée « muette » dans le champ linguistique.

Mes travaux vont du mécanisme oscillatoire à la pathologie. Ce que j’aime, c’est parcourir le chemin de A à Z
Anne-Lise Giraud, directrice de recherche CNRS et directrice de l’Institut de l’audition

Ses découvertes s’ancrent dans une démarche rigoureuse et atypique allant du mécanisme oscillatoire à son dysfonctionnement pathologique. Anne-Lise Giraud mobilise des outils variés, dont l’électroencéphalographie intracorticale ainsi que la modélisation neuro-computationnelle, qui lui permettent de relier les signaux neuronaux aux fonctions cognitives. Mais ce qui l’anime surtout, c’est de confronter ses hypothèses à la réalité. « Je pars du principe que j’ai toujours tort. L’expérience sert à tester mes raisonnements, et la confirmation ultime, c’est de pouvoir guérir une pathologie ».

Au fil de sa carrière, elle a élargi son spectre avec une hyperactivité remarquable. Elle pilote actuellement Speak Out, un projet d’interface cerveau-machine visant à décoder la parole intérieure. Elle a co-dirigé le programme suisse Evolving Language, consacré à l’émergence du langage au cours de l’évolution. Et à l’Institut de l’audition, elle a identifié des anomalies oscillatoires liées à la dyslexie et à l’autisme, qu’elle et son équipe corrigent par des stimulations ciblées.

Pour porter ses approches vers la clinique, elle a également porté le projet de création de l’Institut hospitalo-universitaire reConnect1 , dédié à la restauration des fonctions langagières par des technologies de pointe. Anne-Lise Giraud entend bien faire de ses travaux sur le langage un levier thérapeutique à part entière.

  • 1Pôle d’excellence des troubles de l’audition et de la parole
Ce qui compte en recherche, ce ne sont pas les résultats attendus, mais les petites choses inexpliquées sur le côté qui viendront nourrir nos prochains travaux
Anne-Lise Giraud, directrice de recherche CNRS et directrice de l’Institut de l’audition