Effets bénéfiques et limites de la Vitamine D sur les lésions précancéreuses prostatiques

Résultats scientifiques Physiologie et cancer

Cette étude, publiée dans la revue Science Advances, a identifié les différents types cellulaires présents aux phases précoces du cancer de prostate en combinant des approches génétiques et génomiques et met en évidence les effets thérapeutiques d’un analogue de la Vitamine D, ainsi que les mécanismes limitant son efficacité pour la prévention de ces cancers.

Le cancer de la prostate est le cancer viscéral masculin le plus fréquent et la 2ème cause de mortalité par cancer dans les pays industrialisés. Les traitements chirurgicaux des formes localisées permettent la guérison d’un grand nombre de patients, mais peuvent affecter leur qualité de vie. Cependant, les options thérapeutiques des phases avancées sont limitées par l’apparition de résistances aux traitements. Ce cancer se développant sur plusieurs décennies, des stratégies ralentissant ou prévenant l’apparition de tumeurs agressives sont envisageables afin d’éviter des interventions chirurgicales et la résistance aux thérapies.

Des études cliniques ont montré que de faibles niveaux circulants de vitamine D corrèlent avec l’apparition et la sévérité des tumeurs prostatiques. Bien que la Vitamine D possède de puissants effets anti-inflammatoires et antiprolifératifs, les traitements à base de vitamine D ou d’analogues se sont révélés peu efficaces lors d’essais cliniques.

Dans cet article, les scientifiques ont cartographié les différents types cellulaires présents dans les lésions précancéreuses de modèles murins de cancer de la prostate, à l’aide de techniques permettant de caractériser l’expression génique à l’échelle de cellules uniques. Ils ont ainsi identifié un nouveau sous-type cellulaire responsable de l’évolution tumorale. De plus, les chercheurs ont mis en évidence qu’un analogue de la vitamine D induisait la mort de ces cellules, mais qu’il activait également des voies de survie et de prolifération dans certaines d’entre elles, entrainant une résistance au traitement.

Cette étude met en évidence la complexité cellulaire des lésions précancéreuses, ainsi que l’efficacité et les limites des stratégies préventives basées sur l’utilisation d’analogues de la vitamine D, et ouvre de nouvelles perspectives pour la prise en charge des patients.

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© Abu el Maaty Mohamed, Laverny Gilles et Daniel Metzger
Figure : Suite à l’inactivation du gène suppresseur de tumeur PTEN dans les cellules épithéliales prostatiques de souris, des lésions précancéreuses se forment et sont constituées de nombreux types cellulaires tels que des cellules épithéliales (luminales-C1 et luminales-C2), des fibroblastes produisant la matrice extracellulaire, et des cellules immunitaires (e.g. myeloid derived suppressor cells ; MDSC). Ce microenvironnement tumoral contribue à la progression des tumeurs. Un traitement avec le Gemini-72, un analogue de la vitamine D, induit la mort de certaines cellules luminales C2, et réduit la matrice extracellulaire, l’infiltrat et la réponse inflammatoire. Ces effets conduisent à la diminution de la masse prostatique, mais les cellules luminales restantes activent des mécanismes de survie, qui devront être ciblés par d’autres agents thérapeutiques.

Pour en savoir plus :
Single-cell analyses unravel cell type–specific responses to a vitamin D analog in prostatic precancerous lesions.
M. A. Abu el Maaty, E. Grelet, C. Keime, A.-I. Rerra, J. Gantzer, C. Emprou, J. Terzic, R. Lutzing, J.-M. Bornert, G. Laverny, D. Metzger, Science  Advances 30 juillet 2021 . DOI: 10.1126/sciadv.abg5982

Contact

Daniel Metzger
Directeur de recherche CNRS
Gilles Laverny
Chercheur CNRS à l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC)- (Université de Strasbourg/CNRS/Inserm)

laboratoire

IGBMC (CNRS/Inserm/Université de Strasbourg)
1 rue Laurent Fries, BP 10142
F - 67404 ILLKIRCH Cedex