Comprendre la communication entre métabolisme et immunité

Résultats scientifiques Biologie cellulaire

De nouvelles données, présentées dans la revue Cell Metabolism décrivent le rôle d’une protéine clé du système immunitaire dans la régulation du métabolisme. Cette protéine, appelée STING, était déjà connue pour son rôle essentiel dans les mécanismes de défense antivirales ou dans l’immunité anti-cancéreuse. Les scientifiques montrent que STING joue un rôle central dans la régulation du métabolisme des acides gras essentiels de la famille des Omegas 3 et 6. Cela permet de mieux comprendre le lien entre inflammation chronique et altérations métaboliques.

Chez les eucaryotes, l’ADN est normalement confiné dans le noyau de la cellule ou dans la mitochondrie. Sa présence dans le cytosol est détectée comme un signal de danger par des senseurs qui activent des voies de signalisation menant à la production de médiateurs solubles de l’inflammation. Une protéine clé de ce processus est la protéine STING, vers laquelle convergent beaucoup de voies de détection des acides nucléiques pathologiques. L’activation de STING mène à la production d’interférons de type I, qui sont de puissants modulateurs des réponses immunitaires.

Alors que l’on pensait le rôle de la protéine STING exclusivement dédié au déclenchement de cette réponse inflammatoire, les scientifiques montrent que STING joue un rôle majeur dans la régulation du métabolisme des acides gras polyinsaturés (AGPI) essentiels omega-6 et omega-3. STING inhibe l’enzyme FADS2 qui est responsable de la production d’acides gras polyinsaturés à longues chaines (LC-AGPI) à partir des acides gras essentiels omega-6 et omega-3. Les LC-AGPI jouent un rôle prépondérant dans la régulation de l’inflammation et du métabolisme général. Ainsi, STING en régulant leur production régule l’homéostasie inflammatoire et métabolique. Cette étude montre également que STING et FADS2 ont des domaines de liaison aux ligands très semblables. Ainsi les activateurs de STING sont capables de lier et d’activer FADS2, alors que les AGPI et LC-AGPI sont capables d’inhiber STING.

La protéine STING joue un rôle prépondérant dans l’immunité anti-virale et anti-tumorale et son activation par des ligands exogènes et synthétiques fait l’objet de nombreuses recherches. Cette étude, qui met en lumière une nouvelle facette de la protéine STING, sera à prendre en considération dans les nouvelles approches thérapeutiques ciblant STING. De plus l’effet inhibiteur des AGPI sur l’activation de STING ouvre de nouvelles perspectives dans le traitement des maladies avec une composante inflammatoire dépendante de STING.

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© Isabelle Vila
Figure : Communication entre le métabolisme et l’immunité : deux protéines, l’un impliquée dans la régulation du métabolisme des acides gras FADS2 et l’autre dans la réponse de l’immunité innée, se corégulent et partagent leur ligands le tout afin de maintenir l’homéostasie.
 

Pour en savoir plus :
STING orchestrates the crosstalk between polyunsaturated fatty acids metabolism and inflammatory responses
Vila I.K., Chamma H., Steer A., Saccas M., Taffoni C., Turtoi E., Reinert L.S., Hussain S., Marines J., Jin L., Bonnefont X., Hubert M., Schwartz O., Paludan S.R., Van Simaeys G., Doumont G., Sobhian B., Vlachakis D., Turtoi A., Laguette N.
Cell Metabolism 4 janvier 2022.
 https://doi.org/10.1016/j.cmet.2021.12.007

Contact

Nadine Laguette
Chercheuse CNRS à l'Institut de génétique humaine (CNRS/Université de Montpellier)

laboratoire

Bases moléculaires de l’inflammation 
Institut de génétique humaine (CNRS/Université de Montpellier)
41 rue de la cardonille
34090 Montpellier